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«Leaving Neverland»: le documentaire sulfureux qui accuse Michael Jackson d'abus sexuels sur des enfants

Leaving neverland

Dan Reed au sujet de Michael Jackson, «C'était un homme extraordinaire mais aussi extraordinairement compliqué, blessé par son enfance.»

© HBO

Le 25 juin prochain marquera les 10 ans de la mort de Michael Jackson. Pourquoi avoir choisi de réaliser ce documentaire à l'aube de cet anniversaire?
C'était un accident. Les premières conversations autour de ce sujet ont eu lieu en février 2016 et on ne s'imaginait pas que ça allait durer trois ans. J'ai pris un petit-déjeuner avec un responsable de Channel 4 et on discutait des possibilités de faire un sujet qui n'était pas trop violent, qui soit intéressant et avec un peu de mystère. C'est là que mon collègue a dit «Michael Jackson: innocent ou coupable? Pédophile ou enfant dans le corps d'un homme?». On a fait trois semaines d'enquêtes et j'ai vu la mention de Wade et de James sur une page web. Je n'avais jamais entendu parler d'eux. J'ai appelé leurs avocats et c'est comme cela que ça a commencé.

La famille de Michael Jackson a déploré ne pas avoir été sollicitée pour fournir sa version des faits dans votre documentaire. Vous avez affirmé lors de plusieurs interviews que ce documentaire concernait les deux jeunes garçons et non Michael Jackson pour expliquer votre choix. Mais dans ce cas, pourquoi ne vous êtes-vous pas entretenus avec Macaulay Culkin, qui continue de défendre le chanteur, ou encore Jordan Chandler, par qui les premières accusations ont éclaté en 1993?
J'ai essayé de prendre contact avec Jordan mais nous ne l'avons pas trouvé. On a essayé pendant plusieurs semaines de le contacter. Gavin, qui est l'enfant dans le procès criminel de 2005, je lui ai envoyé une longue lettre à laquelle il n'a pas répondu. Je suis en contact indirectement avec lui mais il ne répond pas. Puis le troisième enfant, Jason Francia qui est le fils de la femme de ménage, ne voulait pas participer mais on a longuement parlé. En fin de compte, ce qu'il me fallait vraiment, c'était ces deux familles [les Robson et les Safechuck]. J'ai interviewé sur caméra les enquêteurs de police de Los Angeles Police Department et Santa Barbara Sheriff Department, les principaux enquêteurs, qui étaient totalement convaincus de la culpabilité de Michael Jackson. On a fait des mois et des mois d'enquête pour essayer de trouver des choses qui contrediraient Wade et James. Macaulay, j'ai pensé à le contacter mais, en fait, je sais que c'est quelqu'un qui a toujours nié, a toujours dit qu'il ne s'était rien passé. Il a été très clair. Mais le fait qu'il ne s'est rien passé avec l'enfant A ne veut pas dire qu'il ne s'est rien passé avec l'enfant B.

La famille de Michael Jackson est montée au créneau pour défendre l'honneur de leur frère en dénonçant le manque de preuves quant à sa culpabilité en tant que pédophile. Le documentaire s'appuie essentiellement sur la parole de Wade Robson et de James Safechuck qui ont pourtant défendu Michael Jackson lors de son procès en 2005. Qu’est-ce qui vous a poussés à croire complètement ces deux hommes et à réaliser un documentaire autant à charge contre Michael Jackson?
On a toutes les preuves qu'il faut. Michael Jackson a invité des petits garçons dans son lit, à des centaines de reprises. Ça, personne ne l'a démenti. Il s'agit déjà d'un homme dans la trentaine qui passe la nuit avec des petits enfants et qui fait ça apparemment d'une manière compulsive. On comprend qu'il puisse avoir envie de passer ses journées avec des enfants, à la limite, peut-être, mais avoir un petit garçon tout seul dans son lit, ça me paraît un peu suspect déjà. Et paraîtrait très suspect si ce n'était pas un chanteur célèbre.

Si c'était le mec à côté, dans la rue, tous les jours, on le voit amener un petit garçon et le matin, le petit garçon ressort, qu’est-ce que vous feriez? Déjà la famille ne contredit pas. La question est «qu’est-ce qu'il faisait dans sa chambre à coucher avec ces petits garçons?».

Donc de quelles preuves peut-on parler? Il n'y a pas de preuves physiques. Ça n'existe jamais lors des procès criminels, il y a très rarement des preuves physiques dans les procès de pédophiles. On a des témoignages qui sont très consistants, très crédibles, qui viennent, pas seulement d'une personne mais de deux, de leurs familles et de l'impact de la révélation éventuelle de l'abus sexuel. Je pense que ça serait très convaincant dans un tribunal de pédophilie. C'est ça les preuves dans le système judiciaire, c'est le témoignage de la victime qui est la meilleure preuve que l'on puisse avoir.

Les interviews avec Wade Robson et James Safechuck sont très intimes et précises. Au fil du documentaire, le téléspectateur peut revivre la rencontre et la relation entre ces deux garçons, leurs familles et l'homme qu'était Michael Jackson. Comment ces deux hommes ainsi que leurs proches vous ont-ils fait confiance à ce point pour raconter leur version des faits?
Il faudrait leur poser la question. Je leur ai demandé de ne pas raconter leurs expériences en y ajoutant un commentaire, je leur ai demandé de ne pas raconter ce qu'ils ont vécu de leur point de vue d'adulte mais d'essayer de retrouver leur expérience à l'époque. Sans enrober cela d'explications, de justifications, de contexte. Ne pas dire «oui, on a fait mais maintenant je me rends compte que…», tout cela, on l'a éliminé. Je leur ai conseillé de me faire confiance, que quand on y arrivera, on y arrivera. C'est un voyage que l'on effectue avec vous, du début jusqu'à la fin. Je n'ai jamais trahi personne, je n'ai jamais manipulé les interviews. Je suis un témoin honnête.

Mon combat auprès des Indiens victimes d’abus sexuels

Suite à la diffusion de votre documentaire, plusieurs radios ont décidé de ne plus diffuser les chansons de Michael Jackson, un épisode des «Simpsons» où Michael Jackson prêtait sa voix a été retiré, le rappeur Drake a décidé de ne plus chanter la chanson «Don't Matter to Me» qui comportait la voix de Michael Jackson, et Louis Vuitton a décidé de ne plus commercialiser des pièces inspirées du chanteur. Pensez-vous que cela appuie la crédibilité de votre documentaire et les accusations des deux hommes?
D'abord, je ne suis pas pour supprimer les chansons parce que c'est la suppression de la culture, ça ne fait pas partie de mes principes. D'un autre côté, ça veut dire que les gens ont respecté le fait que Wade et James ont dit la vérité. Je pense que si on supprime ces chansons, c'est que l'on a respecté leur histoire.

En principe je ne suis pas d'accord avec la suppression des chansons mais je pense que si personne ne réagissait, ça enverrait un message à tous ceux qui ont subi ce genre d'abus sexuel dans l'enfance que le monde s'en fout. Je suis entre les deux avis.

Si c'était mon choix, je dirais non et je sais que Wade et James pensent la même chose, qu'il ne faut pas éliminer les chansons de Michael Jackson. De toute façon, on ne peut pas le faire mais est-ce que l'on devrait complètement ignorer ce qu'il a fait et est-ce que les gens ne devraient pas du tout réagir? Non.

L'avez-vous déjà rencontré? Étiez-vous un fan de sa musique?
Non jamais. Je n'ai jamais fait de sujets sur lui. Je ne connaissais pas vraiment sa musique. Là, je commence à m'intéresser un petit peu plus. C'était un homme extraordinaire mais aussi extraordinairement compliqué, blessé par son enfance, des choses qui lui sont arrivées que l'on ne connaît pas.

«Leaving Neverland» de Dan Reed, le 21 mars sur M6 à 21 h.

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